C’est le Travail du Maître

 

Gordon B. Hinckley, “This Is the Work of the Master,” Ensign, May 1995, 69

mormon-church-TabernacleMes frères et soeurs bien aimés où que vous soyez, mes chers amis et associés dans ce beau travail, comme vous pouvez bien le comprendre, aujourd’hui est pour moi une occasion solennelle et sacrée. Humblement, je cherche les signes de l’[[Esprit Saint]] alors que j’essaie de partager avec vous mes sentiments les plus sincères. S’il m’arrive de trop m’attarder sur mes impressions personnelles, j’espère que vous m’en excuserez. J’essaierai alors d’éviter de parler à la première personne.

Nous avons dernièrement porté le deuil de notre bien aimé ami et dirigeant, [[Howard William Hunter]], le quatorzième Président et [[Prophète]] de l’Eglise. Son passage à la tête de l’Eglise a malheureusement été bref mais il a fait beaucoup de bien autour de lui et pour nous tous. Doux dans ses manières, discret, ses fortes convictions quant à la vérité de notre tâche ont rendu extrêmement sincère sa dévotion pour Notre [[Seigneur]].

Son corps l’a beaucoup fait souffrir avant qu’il ne nous soit finalement repris le 3 mars 1995, au matin. Plus de vingt-cinq milles hommes, femmes et enfants sont venus se recueillir devant son corps exposé dans la magnifique rotonde du bâtiment de l’administration de l’Eglise. Au pas, ils sont venus un par un, avec respect et amitié pour rendre hommage à l’homme qu’ils avaient soutenu quelques mois plus tôt.

Le mercredi 8 mars 1995, ses funérailles ont été célébrées dans le [[Tabernacle]] historique et ont été retransmises. Ce service funéraire a permis de célébrer la mémoire d’un homme bon et génial qui appartient maintenant à l’histoire. Nos cœurs se dirigent maintenant avec amitié et sympathie vers sa veuve, ses fils et leurs familles, ces trois générations qu’il laisse derrière lui. Qu’il leur apporte ses consolations et son soutien, lui qui déclarait « C’est moi, c’est moi qui vous console» (Esa 51 :12).

 

Lors du décès du Président Hunter, la Première Présidence a été dissolue. Mon Frère [[Thomas Monson]], et moi-même qui lui avons servi de [[conseillers]], avons repris nos places dans le [[Quorum des Douze]], qui est devenu l’autorité présidente de l’Eglise.

Cela fait trois semaines que tous les [[Apôtres]] se sont rassemblés dans un esprit de jeûne et de prière dans la salle supérieure du temple. Nous y avons chanté des hymnes sacrés et nous avons prié ensemble. Nous avons participé au Sacrement du dîner de Notre Seigneur, renouvelant par ce testament sacré notre alliance avec lui, notre Sauveur divin.

La présidence a été réorganisée, en suivant les mêmes procédures que celles utilisées dans le passé.

Il n’y a pas eu de campagne, de protestation ou d’ambition pour se voir nommé à la présidence. Cela a été calme, paisible, simple et sacré. Nous avons suivi le modèle que Notre Seigneur, lui-même avait mis en place.

Beaucoup de gens nous ont fait parvenir leurs messages de félicitation et de confiance. Ces gens étaient des membres de l’Eglise mais aussi des gens qui ne partagent pas nos croyances. Je vous exprime à tous, ma sincère reconnaissance. Je sais que ce n’est pas l’homme que vous complimentez mais tous ceux qui œuvre à la tête de notre Eglise.

Hier matin, des membres de l’Eglise du monde entier se sont rassemblés lors d’une assemblée solennelle. Vous avez levé vos mains, librement, pour soutenir la décision prise par les apôtres il y a trois semaines et pour soutenir ceux qui avaient été choisis.

Comme vous le savez, j’ai moi-même été appelé à servir comme conseiller sous trois grands présidents. Je pense savoir ce que veulent dire de lourdes responsabilités. Malgré tout cela, au cours des derniers jours je me suis senti rempli d’un sentiment d’inadéquation, et de dépendance total sur Notre Seigneur, qui est mon esprit et qui est le créateur de cette Eglise, sur ces hommes géniaux qui me servent de conseillers, mes chers frères des Douze, des [[Soixante-dix]], les pasteurs et les membres de l’Eglise tout autour du monde. Je cherche les mots qui me permettront d’exprimer la force de ma gratitude, de ma reconnaissance et de mon amitié.

Il y a plusieurs années j’avais fait un discours sur la solitude des leaders. Maintenant et pour la première fois je comprend la signification de cette solitude. Je ne sais pourquoi ce rôle m’a été offert. Je pense que certains d’entre vous se posent la même question. Et pourtant, il en est ainsi.

Dans de telles circonstances, nos pensées se penchent sur notre passé et même au-delà. Cela ne fait que trois générations que ma famille fait partie de l’Eglise. Mon Grand père a été baptisé lorsqu’il était enfant au cours de l’été 1836 à Ontario, au Canada. Plus tard, sa mère veuve a emmené ses deux garçons à Springfield dans l’Illinois. C’est de là que mon grand père a décidé de marcher jusqu’à Nauvoo pour écouter le [[Prophète Joseph Smith]]. Pendant l’exode de notre peuple en 1846, il avait dix-huit ans, il était plein de force, il était doué et avait la foi. Il était doué pour construire des wagons, il était aussi un admirable forgeron. Il faisait partie de ceux à qui le Président Young avait demandé de rester dans l’Iowa pour venir en aide aux peuples qui traversaient encore le sentier vers l’ouest. Il s’est marié en 1848 et est parti vers la vallée au printemps 1850.

Quelque part sur ce sentier difficile, sa femme est tombée malade et a succombé à cette maladie.  C’est à mains nues qu’il a creusé sa tombe, qu’il a fabriqué son cercueil, qu’il l’a enterré avec soin, et qu’il a ensuite emmené son fils de onze mois pour rejoindre cette vallée de l’Utah.

Il faisait partie de ceux qui ont été appelé à de multiples reprises par le Président Young pour assurer diverses tâches difficiles pour faciliter l’implantation des Mormons dans la vallée. Il a été le Président du district de Millard à [[Zion]] où il n’y avait que quelques districts dont dépendait une grande partie de l’Utah centrale. Il a alors dû parcourir des milliers de kilomètres à cheval pour assurer ses fonctions. Il a été très généreux et a beaucoup contribué à la création d’écoles c’est pourquoi ses biens si importants n’étaient plus très nombreux à sa mort.

Mon père était aussi un homme d’une grande fois, qui a servit l’Eglise sans réserve dans de nombreux domaines de confiance. Pendant plusieurs années il faisait partie de la présidence de ce qui était le plus grand district de l’Eglise, avec plus de quinze milles membres. Ma mère et ma grand-mère étaient aussi des femmes d’une grande foi et dont les vies n’ont pas toujours été faciles du fait des règles de l’Eglise. Mais elles ne se sont jamais plaintes. Elles ont acceptées leurs responsabilités avec gaieté et dévotion.

Pour mes ancêtres, je ressens de la gratitude, de l’amour et une obligation presque accablante de transmettre la confiance dont ils ont su faire preuve. A mon épouse bien-aimée, avec qui je fêterai nos cinquante-huit ans de mariage dans quelques jours, je témoigne ma reconnaissance. Nos vies seraient tellement vides si nous n’avions pas de compagnons. Je suis si heureux d’être marié à cette femme si précieuse, qui m’a suivi dans les bons et les mauvais moments. Nous ne nous tenons plus aussi droit que dans le passé. Mais l’amour que nous nous portons l’un à l’autre est toujours aussi fort.

De même, je souhaite exprimer ma gratitude à mes enfants et mes petits-enfants qui nous ont honorés de la bonté de leurs vies.

Et plus particulièrement, à chacun d’entre vous j’exprime ma sincère reconnaissance. J’ai eu l’occasion de beaucoup voyagé dans cette Eglise au cours de mes vingt-sept ans de service au sein des autorités générales. Dans tous les endroits que j’ai visité, j’ai rencontré des gens merveilleux. Il y a tellement de bonté dans la vie des [[Saints des Derniers Jours]]. Vous nous exprimez votre foi lorsque vous vous attelez à servir votre Seigneur. Je connais les sacrifices que chacun d’entre vous a faits. J’aimerais pouvoir vous exprimer à tous ma gratitude et mon amitié. Je suis votre serviteur et je vous promets, à vous et à Notre Seigneur, de consacrer tous mes efforts à notre tâche, et je vous demande de garder votre foi, vos prières et vos mains levées.

Je suis bien conscient de ne plus être un jeune homme alors que d’endosse la responsabilité de ce bureau sacré. La Sœur Hinckley et moi-même apprenons que le soi-disant « âge d’or » est associé avec des postes de dirigeants. Mais je pense que je peux dire, avec honnêteté, que je ne me sens pas vieux. Je ne peux pas ignorer mon certificat de naissance, mais je peux toujours faire preuve d’un enthousiasme extraordinaire face à cette précieuse tâche pour Notre Seigneur.

J’aime les membres de notre Eglise, de tous les âges, de toutes les couleurs et de toutes les nationalités.

J’aime les enfants. Ils sont comme un renouvellement du monde. Peut importe la couleur de leurs peaux et les situations dans lesquelles ils vivent, ils portent en eux une beauté qui leur vient de leur innocence et du fait qu’il n’y a pas si longtemps ils vivaient avec leur Seigneur au paradis. Vous êtes si beaux, où que vous soyez, vous nos précieux enfants.

J’aime les jeunes de l’Eglise. Je l’ai dit et répété, je pense que nous n’avons jamais eu de meilleure génération que celle-ci. Je vous suis si reconnaissant pour votre intégrité, pour votre ambition de former vos esprits et vos corps pour accomplir du bon travail, pour votre amour pour l’Eglise de votre Seigneur, et pour votre désir de suivre le chemin de la vertu, de la vérité et de la bonté.

J’ai énormément de respect pour les pères et mères qui élèvent leurs enfants dans la lumière et la vérité, qui prient dans l’intimité de leurs foyers, qui éduquent avec amour, qui protègent leurs petits qu’ils considèrent comme les plus importants au monde, qui les éduquent et les bénissent.

J’aime les plus anciens qui ont du traverser des tempêtes au cours de leurs vies, et qui, malgré la taille de ces obstacles, ont toujours continué d’avancer et n’ont jamais perdu la foi. Que vos jours soient faits de bonheur et que vos souvenirs vous satisfassent et vous montrent des vies bien vécues.

Maintenant, mes biens chers frères et soeurs, j’aimerais pour conclure vous laisser avec une pensée que j’espère, vous n’oublierez jamais.

Cette Eglise n’appartient en aucun cas à son président. A sa tête se trouve Notre Seigneur Jésus Christ, dont nous avons chacun pris le nom. Nous sommes tous, dans ce grand effort, ensemble. Nous sommes ici pour soutenir notre Père dans Sa Mission et Sa Gloire, pour aider à passer de l’immortalité à la vie éternelle comme nous l’a dit Moise (1 :39). Vos devoirs sont aussi importants dans vos domaines personnels que sont les miens dans mon domaine. Aucun appel, aucune mission n’est insignifiant ou sans conséquence. Chacun d’entre nous dans l’accomplissement de nos devoirs influence la vie des autres. A chacun d’entre nous, en fonction de nos responsabilités respectives, le Seigneur a dit : “Sois donc fidèle, remplis l’office que je t’ai désigné, va au secours des faibles, fortifie les mains languissantes et affermis les genoux qui chancellent.” (D&C 81:5).

”Et en faisant ces choses, tu feras le plus grand bien à tes semblables et tu promouvras la gloire de celui qui est ton Seigneur.” (D&C 81:4).

Plus loin, “Et si tu es fidèle jusqu’à la fin, tu auras une couronne d‘immortalité, et la vie éternelle dans les demeures que j’ai préparées dans la maison de mon Père.” (D&C 81:6).

Nous sommes tous impliqués dans cette immense tâche, comme si nous n’étions qu’un esprit, une croyance et une foi.

Vous avez l’opportunité de ressentir de la satisfaction dans l’accomplissement de vos devoirs, il en est de même pour moi. La progression de notre travail dépend de nos efforts à tous. Quelque soit votre mission, elle a son importance puisqu’elle vous permettra de faire le bien, tout comme l’est ma mission. Ce qui importe réellement est le travail de notre [[Maître]] à tous. Notre devoir est d’essayer de faire autant de bonnes actions que lui, a pu faire.

S’il a pu m’arriver d’offenser qui que ce soit, je vous présente mes excuses. Pour ceux qui, pour quelques raisons que ce soient, ne se sentent plus dans l’étreinte de l’Eglise que vous avec pu apprécier dans le passé, je vous invite à nous rejoindre et à retrouver le bonheur que vous avez un jour connu. Vous trouverez beaucoup de mains tendues, prêtes à vous accueillir et à vous soutenir.

Je plaide avec nos membres pour que nous vivions partout avec respect et reconnaissance pour ceux qui ne partagent pas nos croyances. Nous avons réellement besoin de civilité et de respect mutuel entre les peuples qui ne partagent pas les mêmes croyances et les mêmes philosophies. Nous nous devons de ne pas être partisan d’aucune doctrine de supériorité ethnique. Nous vivons dans un monde de diversité. Nous pouvons et devons respecter ceux dont les enseignements s’opposent aux nôtres. Nous devons être prêt à défendre les droits des hommes qui pourraient devenir des victimes du fanatisme.

J’appelle votre attention sur ces paroles frappantes que Joseph Smith a prononcées en 1843 :

« S’il a été démontré que je suis prêt à mourir pour un « Mormon », je suis courageux de déclarer devant Dieu que je suis tout aussi prêt à mourir pour défendre les droits d’un presbytérien, d’un baptiste, ou d’un homme bon quelque soit sa dénomination. Et cela car les principes qui piétineraient les droits des Saints des Derniers Jours sont les mêmes que ceux qui piétineraient les droits des catholiques romans, ou les droits des hommes d’autres dénominations. («Histoire de l’Eglise », 5 :498).

Maintenant, mes chers frères et soeurs, le temps est venu pour nous de nous tenir un peu plus droit, de lever nos yeux et nos esprits pour avoir accès à une meilleure compréhension de la mission extraordinaire de l’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Cette saison, nous devons être fort. Nous devons avancer sans hésitation, en connaissant bien la signification, l’ampleur, et l’importance de notre mission. Il est temps de faire ce qui est bien sans s’étendre sur les conséquences qui pourraient en découler. C’est le moment de se montrer digne et de suivre les commandements. C’est le moment de tendre la main avec amour et bienveillance vers ceux dans le besoin, ceux qui errent dans le noir et dans la peine. C’est le moment d’être plein d’égards, bons, honnêtes et courtois avec autrui, dans toutes nos relations. En d’autres mots, il est temps de devenir un peu plus comme le Christ.

Nous n’avons rien à craindre. [[Dieu]] tient la barre. Il se prononcera pour le bien de son travail. Il déversera des pluies de bénédictions sur ceux qui marcheront sur le chemin de l’obéissance à ses commandements. Ainsi est Sa promesse. Et de sa capacité à tenir ses promesses, aucun de nous ne doute.

La petite Pierre qui a été détachée de la montagne à la main, dont il est question dans la vision de Daniel, est en passe de remplir la terre entière (voir Dan. 2 :44-45). Aucune force en dessous des paradis ne pourra l’arrêter si nous avançons de manière juste et vraie. Le Tout Puissant, lui-même, est à notre tête. Notre Sauveur, qui est Notre Rédempteur, le Grand Jéhovah, le puissant Messie, nous a promis : “Et là où quiconque vous reçoit je serai aussi, car j’irai devant votre face, je serai à votre droite et à votre gauche, et mon Esprit sera dans votre cœur, et mes anges seront tout autour de vous pour vous soutenir.” (D&C 84:88).

“Ne craignez donc pas, petit troupeau; faites le bien; laissez la terre et l’enfer s’unir contre vous, car si vous êtes bâtis sur mon roc, ils ne peuvent vaincre …, a t-il dit.

Tournez-vous vers moi dans chacune de vos pensées; ne doutez pas, ne craignez pas.

Voyez les plaies qui ont percé mon côté et aussi les marques des clous dans mes mains et mes pieds. Soyez fidèles, gardez mes commandements, et vous hériterez le royaume des cieux.” (D&C 6:34, 36-37).

Unis, travaillant main dans la main, nous devrions avancer comme les serviteurs d’un Dieu vivant, accomplissant le travail de son fils bien aimé, notre Maître, que nous servons et dont nous cherchons à glorifier le nom.

Je répète, ceci, mes frères et sœurs, est le travail du Tout Puissant. Il vit, notre Père et notre ami. C’est l’œuvre de notre Rédempteur, qui par amour plus que par raison a donné Sa vie à chacun d’entre nous. C’est un travail divin restauré par un prophète qu’il a choisi. C’est une œuvre à laquelle nous dédions nos vies alors que nous évoquons les bénédictions que nous vous envoyons, nos chers associés, au nom de Jésus Christ, amen.